Je suis commissaire, autrice et traductrice indépendante. En 2012, nous avons cofondé Espace Projet dont j'assure la codirection et le commissariat de l’art actuel. En 2021, quatre point trois est né. Diplômée de la maîtrise en études des arts de l’Université du Québec à Montréal en 2011, mon travail de commissaire a été présenté dans des lieux de diffusion à Montréal, Toronto et New York. J’ai effectué des résidences de commissariat à Est Nord-Est (Québec) en 2012, à Linea de Costa (Espagne) en 2015, à ISCP (New York) en 2016, aux Maisons Daura à Saint-Cirq-Lapopie (France) en 2019 et à Viafarini à Milan (Italie) en 2022. En 2017, j'ai complété un diplôme de deuxième cycle en traduction à l'Université Concordia. Je me spécialise en traduction, de l'anglais vers le français, dans les domaines des arts visuels, de l'architecture et du design.
COMMISSARIAT
DÉMARCHE
Depuis quelques années, ma démarche commissariale se déploie autour de la notion de géographie. Cette approche dépasse ma pratique; il s’agit d’une façon d’aborder le monde, de poser mon regard sur ce qui m’entoure en tentant de prendre conscience des interrelations qui s’y trouve – entre les espèces, entre les espaces. J’essaie d’aiguiser mes perceptions en travaillant avec des artistes qui soulèvent les détails, affinent les sens et posent des regards, toujours attentionnels, sur ces espaces. Ces espaces qui ne sont jamais neutres peuvent être des paysages, des espaces habités, des lieux et des non-lieux. Si les espaces ne sont jamais neutres, c’est qu’ils sont composés de multiples couches historiques, temporelles, sociologiques ou perceptuelles. Mon travail s’articule dans un dialogue attentif avec les artistes sur le travail qui se fait en temps – le présent de la (co)création – et lieu – celui d’un espace choisi et circonscrit.
Recherche en cours
Géographies : habitées
Une approche attentionnelle
Ricordi di spazio espaces de passage
Réalisé à Viafarini à Milan en 2022.
Catherine Barnabé
En collaboration avec : Rebecca Agnes, Sonia Arienta, Lucia Cristiani, Paola Gaggiotti, Carlo Galli, Silvia Mantellini Faieta, Francesca Migone, Lorenzo Montinaro, Ludovico Orombelli, Raffaele Morabito, Francesco Pacelli, Vera Pravda, Eleonora Roaro et Vincenzo Zancana.
Durant mon séjour à Milan, j’ai entamé un projet autour de la notion d’espace habité. Celui-ci s’inscrit dans ma recherche à propos de la géographie où j’explore les relations que nous entretenons à l’environnement qui nous entoure.
Qu’appelle-t-on maison ? De quelle façon un espace peut-il devenir un chez soi ? Peut-on considérer comme notre maison l’espace de la ville dans laquelle on habite depuis longtemps ? Quels souvenirs d’un lieu a-t-on si on y habite ou si on y fait que passer ? De quelle façon le temps et l’expérience d’un espace peuvent-ils affecter notre mémoire ?
Afin de réfléchir à ces questions, j’ai demandé à 14 artistes que j’ai rencontré·e·s à Milan de participer à ma recherche. Je les ai choisi·e·s parce que je sentais dans leur pratique une sensibilité à ce sujet et parce qu’ils et elles travaillaient déjà autour des notions d’espace, de ville ou de mémoire.
Je leur ai demandé de choisir un lieu dans la ville qui possède une signification particulière à leurs yeux et de m’envoyer l’adresse. Ce pouvait être n’importe quel lieu, pourvu que j’y aie accès.
Ensuite, je leur ai demandé de me décrire, de mémoire, le lieu avec un texte et un croquis.
Sans regarder leur texte ou leur croquis, j’ai visité le lieu et j’en ai fait une description.
Nous avons ensuite combiné leur mémoire affective de ces lieux et à ma récente expérience et créé ces ricordi di spazio espaces de passage.
Ceci est la partie active de ma recherche et non la finalité d’un projet. C’est le point de départ pour déployer une réflexion sur ces questions, notions et sujets qui émergent de notre relation à un même espace. J’ai annoté et souligné les textes afin d’activer ces dialogues. Toute la matière produite me servira dans la poursuite de ma recherche.
Les artistes parlent italien, je parle français, l’anglais est notre point de rencontre. L'étrangeté de la langue seconde a été préservée.
Cadrer la nature
Janick Burn, Hannah Claus, Ariane Plante et Ingrid Tremblay
et les oeuvres de Maude Connoly, Jennifer Dickson, Jeanne Rhéaume et Andrée S. de Groot
Centre d'exposition de l'Université de Montréal
exposition en ligne
1er octobre 2020 au 8 juillet 2021
Géographies : recomposées - S'ensevelir
Sara A. Tremblay, Léna Mill-Reuillard
Salle Alfred-Pellan, Maison des arts de Laval
9 mai au 17 juillet 2017
Des actions sont posées dans un paysage hivernal, il faut être deux pour les réaliser. Ces actions sont simples en apparence : tenir, marcher, tendre, creuser, mais elles sont contraintes par la force des éléments qui déchire, recouvre, découvre, offre une forme de résistance. Les corps sont présents et les corps sont absents; ils laissent des traces, marquent un instant l’espace, mais le temps suit son cours et elles disparaissent. Le lieu est évoqué par la forme utilisée, la forme répétée, révélée. Cette surface est aussi l’espace de l’action, celui du corps; la surface du papier, la surface de la neige, ce sont des espaces potentiellement renouvelables. La géographie du lieu est à la fois neutre et signifiante, hors du quotidien et un peu hors du temps.
Trajectoires
Khadija Baker, Dorothée Nowak, Lysette Yoselevitz
co-commissaire avec Ludmila Steckelberg
Espace Projet, Montréal
11 mai au 19 juin 2016
+ Conseil des arts de Montréal en tournée saison 2017-18
Trajectoires regroupe trois artistes montréalaises qui sont nées ailleurs et qui ont vécu le processus d’immigration. Sans être axées sur ces questions, leurs pratiques artistiques reflètent certainement l’influence de ces déplacements vécus d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre. Si nous pouvons constater que les préoccupations de Khadija sont plutôt sociales et politiques, que Dorothée s’intéresse à la documentation d’une communauté et que Lysette aborde la question de l’intime, nous pouvons également tisser des liens entre leurs propos. Ainsi, ce dégage de cette exposition une considération pour les récits personnels; ceux des artistes, mais particulièrement ceux qui leur sont racontés par d’autres qui sont passés par des processus semblables, qui ont fait, eux aussi, cette trajectoire.
CATALOGUE DE L'EXPOSITION (FR/ENG)
Faux-semblants
Patrick Bérubé, Simon Bilodeau, Maude Bernier-Chabot, Karine Payette, Pierre et Marie
Centre Lethbridge, Montréal
25 février au 1 mai 2016
Le terme faux-semblant pourrait être une appellation générique servant à désigner toutes œuvres qui empruntent des éléments au réel afin de créer un univers fictionnel. Mais dans cette proposition, le but n’est pas de savoir distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux, ni de proposer des représentations factices du monde. Le mimétisme n’est pas un enjeu, quoiqu’il serve certainement la construction des œuvres. Il s’agit plutôt de s’attarder à leurs récits qui se jouent justement du réel grâce à des compositions (plastiques et narratives) qui interrogent notre rapport au monde.
Le fil conducteur qui relie les pratiques de Maude Bernier-Chabot, Patrick Bérubé, Simon Bilodeau, Karine Payette et Pierre & Marie est la fabrication d’un simulacre – un détournement d’éléments ou d’images qui permet de créer une fiction. Cette stratégie, qui s’éloigne de l’imitation de la nature, permet de (re)construire une réalité, qui devient celle de l’œuvre. Il y a l’édification d’une illusion du réel qui est remise en doute par la trame narrative : il a faux-semblants.
Subjective path: the end of the winter
Sara A Tremblay, Magali Babin, Patrick Beaulieu, Cara Déry, Léna Mill-Reuillard, Nataliya Petkova
De: formal, New York
Exposition virtuelle
Mars-Avril 2016
États de la matière
Sarah Bertrand-Hamel, Cara Déry, Élisabeth Picard
Salle Alfred-Pellan, Maison des arts de Laval
22 février au 19 avril 2015
Il s’agit de prendre le temps. De faire dialoguer des œuvres dans un espace en jouant avec la lumière et son potentiel, en insistant sur les transparences et les images diaphanes. Il s’agit d’explorer les infinies possibilités de la multiplication d’un motif, de la répétition d’un geste. Il suffit de souligner les qualités esthétiques des œuvres et leurs effets. Il s’agit de s’attarder aux détails, à la précision et à la délicatesse des techniques. De dénouer le regard et d’inviter à la contemplation.
Sarah Bertrand-Hamel crée ses œuvres dans la durée, s’attardant aux détails, abordant la création avec l’idée du processus complet. Elle fait son papier, coud, dessine et plie.
Cara Déry répète la même image encore et encore, la menant jusqu’à sa propre perte, la transformant en un motif qu’elle déploie dans l’espace. Elle photographie, calque, dessine et superpose.
Élisabeth Picard compose des formes malléables en empruntant aux techniques de la vannerie. Ses œuvres ont pourtant tout à voir avec le paysage, l’organique ou même le virtuel. Elle teint, attache, assemble et suspend.
Toutes engagent un rapport à l’espace d’exposition qui se veut un dialogue à la fois avec leur propre pratique et avec celles de leurs collègues.
Proof 20
Meagan Broadhurst, Alex Cv, Corey J. Isenor
Gallery 44 Centre for Contemporary Photography, Toronto, Commissaire pour la zone Québec/Maritimes
Juin-Juillet 2013
Le temps passe en inscrivant notre relation au monde dans un rapport de durée. Il mesure les instants, délimite le passé et le futur par un présent. Le temps intervient sur les espaces bâtis et naturels, laissant des traces de ce qui a existé, marquant physiquement son passage évanescent. Toutes les photographies existent à la fois dans leur rapport à l’espace et au temps, mais particulièrement dans les œuvres de Maegan Broadhurst, Alexandre Cv et Corey J. Isenor. Ils interrogent tous les trois les relations d’un environnement au passage du temps, et surtout celles entre les éléments du passé qui perdurent et évoluent dans le présent. Leurs pratiques s’ancrent dans une volonté de figer des lieux en changement, de capter cet instant qui glisse tranquillement vers la perte. Ils tentent de créer de la mémoire. Ils soulèvent tous trois comment « le passé vient résonner dans le présent, tandis que le présent est un chemin vers le passé ». Les œuvres présentées témoignent toutes de l’expérience du lieu comme vecteur de l’épreuve du temps. Les captations donnent sens à l’histoire qui ne peut que trop facilement se défiler, irréversiblement, et l’inscrivent ainsi dans la durée, arrêtant un instant le passage, mesurant le temps comme s’il s’agissait plutôt d’un recommencement sans fin.